TUNIS, 26 mars 2002 (Reuters) – Un opposant tunisien emprisonné depuis près de 12 ans dans une prison de haute sécurité pour appartenance à un parti islamiste interdit est mort des suites d’une grève de la faim entamée il y a quatre mois pour protester contre ses conditions de détention, ont déclaré mardi des mouvements de défense des droits de l’homme.
Abdelwaheb Bousaa, qui était âgé de 32 ans, serait le premier prisonnier tunisien depuis de nombreuses années à décéder d’une grève de la faim, à laquelle plusieurs détenus ont eu recours en 2001 pour protester contre leurs conditions de détention, selon un rapport du département d’Etat américain.
« Adelwaheb Bousaa est décédé vendredi 22 mars à la prison de Borj Erroumi (à Bizerte, ndlr) à la suite d’une grève de la faim entamée en décembre dernier à l’appui de sa demande de transfert dans une autre prison et d’une amélioration de ses conditions de détention », a déclaré la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme, principal organisme indépendant de défense des droits de l’homme en Tunisie.
Des militants des droits de l’homme affirment que Bousaa, fervent pratiquant musulman, a été emprisonné avec « des détenus de droit commun homosexuels » dans le cadre d’une tactique de harcèlement des autorités à l’intérieur de la prison.
« Bousaa avait demandé à être transféré dans une autre cellule avec d’autres prisonniers politiques car il ne pouvait pas supporter ses conditions de détention. La réponse des autorités a été un refus total », a déclaré le groupe de défense des droits de l’homme Vérité-Action dans un communiqué.
Au ministère de la Justice, qui chapeaute les questions pénitentiaires, on déclare que Bousaa est mort à l’hôpital « à la suite d’une défaillance rénale consécutive à la présence excessive de sucre dans le sang ».
De même source, on se refuse à détailler davantage les circonstances du décès mais on ajoute que les autorités ont ouvert une enquête « comme c’est toujours le cas dans les affaires de décès, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons ».
Bousaa était étudiant à l’université quand il avait été arrêté en 1991 et condamné à 16 années de prison pour appartenance au mouvement islamiste de la Nahda.
Plusieurs groupes de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, estiment à plus de 1.000 le nombre d’islamistes emprisonnés en Tunisie.
Le gouvernement considère ces détenus comme des criminels de droit commun et non comme des prisonniers politiques, estimant qu’ils ont enfreint les lois interdisant le recours à l’islam comme un outil de revendication politique. /JSB
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