Le réfugié politique tunisien M. Mohamed Mouldi Hammadi décédé le 24 septembre 2004 après une longue lutte contre la maladie

Nous avons appris avec beaucoup de tristesse la mort en date du 24 septembre 2004 à Zurich de M. Mohamed Mouldi HAMMADI, ex-prisonnier politique tunisien (Né le 29 mars 1953) et réfugié politique en Suisse.

Cette mort marque la fin tragique d’un combat contre la maladie dont M. Mohamed HAMMADI, a entamé avec courage et confiance.

A titre de rappel, M.Mohamed Mouldi HAMMADI a purgé en 1998 une peine de prison de 3 ans et 6 mois pour appartenance à une organisation non reconnue et participation à ses réunions (Affaire 1831/7118 et 6151/19026). Cette peine a été assortie d’une peine complémentaire de 5 ans de contrôle administratif qui exige, entre autres, de l’intéressé de ne pas quitter sa région ce qui en soi est contraire à la Constitution tunisienne. Lors de sa détention, M. Mohamed Mouldi HAMMADI a été victime d’une succession de mauvais traitements tant à l’interrogatoire que lors de l’exécution de la peine.

A sa sortie, M.Mohamed Mouldi HAMMADI a été soumis au régime de contrôle administratif destiné à maintenir la pression policière sur les ex-prisonniers politiques et à s’ingérer dans leur vie familiale et professionnelle, cela dans le cas où une autorisation exceptionnelle de travail soit donnée. Avant son emprisonnement, M. Mohamed Mouldi HAMMADI était un professeur d’enseignement technique. 

Cette peine de contrôle administratif, on ne peut la nommer que comme tel,  a été augmentée par une décision du ministère de l’Intérieur à 10 ans (décision n° 16166 du 11 juin 1998).

Ce sont ces conditions insoutenables qui ont poussé M. Mohamed Mouldi HAMMADI à s’exiler pour échapper à cet étau qui se resserrait de jour en jour sur lui. C’est ainsi qu’il a fait un long périple dans lequel il a passé surtout par la Libye et la Turquie et c’est dans cet exil forcé que le défunt a vu son état de santé, initialement précaire à cause de son emprisonnement,  se détériorer sans pouvoir se soigner vu sa situation illégale dans ces deux pays.

Ce n’est qu’en arrivant en Suisse qu’il a été enfin, et non encore sans difficultés, pris en charge mais à un stade où sa maladie est devenue incurable. 

Vérité-Action présente ses sincères condoléances à sa femme, ses enfants et tous les membres de sa famille.

 

Elle tient à remercier tous les gens de la communauté tunisienne qui ont soutenu M. Mohamed Mouldi HAMMADI et sa famille qui l’a rejoint partiellement. Elle tient aussi à remercier les autorités suisses pour les efforts fournis pour redonner espoir surtout à sa famille.

Vérité-Action considère M.Mohamed Mouldi HAMMADI comme une nouvelle victime de la politique de vengeance qui règne en Tunisie à l’égard des opposants politiques et notamment ceux qui ont du passer de longues années en prison et ceux qui en restent toujours après presque 13 ans dans la précarité totale et la violation systématique et préméditée de leurs droits les plus élémentaires.

Vérité-Action lance un appel sincère à tout homme et femme libre, en Tunisie ou ailleurs, d’œuvrer avec le maximum de détermination pour exiger la libération des prisonniers politiques en Tunisie et la promulgation d’une loi d’amnistie générale en faveur des victimes de la répression tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.

Elle exhorte toutes les composantes de la société civile tunisienne et les partis politiques à surmonter les clivages et à en faire de ces objectifs leur première revendication, plus particulièrement en ces moments où le régime se prête à organiser de nouvelles élections présidentielles.   

Fribourg, le 27 septembre 2004
Pour Vérité-Action
Abdullatif Fakhfakh, Président

 

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