Situation préoccupante et escalade d’autant plus grave en Tunisie. La course vers la réélection en 2004 hante les autorités tunisiennes. Raison pour laquelle les droits de l’Homme vivent leurs jours les plus sombres sous le règne d’un pouvoir qui se radicalise.
Dernière violation en liste, le cambriolage et le saccage du cabinet du bâtonnier Béchir Essid. Une œuvre bien connue des services de police politique en Tunisie. Le bureau a été fouillé et volé. La seule raison pour cette vengeance est une déclaration faite par Maître Béchir Essid lors d’une réunion de solidarité avec M. Mohamed Moada, organisée le 26 octobre par la LTDH. Son seul crime est le fait qu’il a saisi l’occasion pour demander la libération de tous les prisonniers politiques, le retour de tous les exilés et la promulgation d’une loi d’amnistie générale.
En fait, les autorités tunisiennes semblent vouloir rebrousser chemin depuis quelques temps et revenir à leurs méthodes barbares des années 90. Profitant du contexte international, le gouvernement tunisien ne cesse depuis le 11 septembre de mener une «expédition punitive » contre tous ses opposants de toutes tendances confondues.
Le 26 septembre, la première cible du régime tunisien fut les prisonniers politiques incarcérés depuis, maintenant une décennie. Gêné par leurs grèves de faim continues, les autorités ont trouvé l’occasion propice pour se livrer à des actes de violence et d’agression dont nombres de prisonniers sont sortis avec de graves séquelles.
Le 19 octobre, M. Lassaad Jouhri, ancien prisonnier et handicapé suite à la torture qu’il a subi dans les geôles du ministère de l’intérieur, a été sujet d’agression en plein jour et en plein public par des policiers civils. En fait, M. Jouhri a fait plusieurs fois des déclarations témoignant des pratiques illégales faites à son encontre ou à d’autres opposants. N’ayant pas pu le «punir » à l’époque à cause de la pression internationale exercée sur le pouvoir en place, le 19 octobre, un mois après les événements de New York, cela est devenu réalisable.
Le 16 octobre, Dr.Sahbi Amri, a été agressé et maltraité par des agents civils alors qu’il se rendait au domicile de son père dans la région d’ Al-Manar. L’objectif de cette violence était naturellement, le témoignage exclusif qu’il a pu révéler, il y a quelques temps le 10 septembre 2001 sur le décès sous la torture de M, Mansouri dans les prisons tunisiennes en 1987. L’agression a causé de graves préjudices à sa santé ce qui a nécessité la délivrance d’un certificat d’incapacité de travail de 45 jours. D’autres mesures de nature fiscale et pécuniaire ont été entreprises à son encontre pour le forcer au silence.
A la lumière de cette situation alarmante et à l’occasion de la journée nationale pour l’amnistie générale en Tunisie, organisée par la LTDH et le CNLT, le 2 novembre, Vérité-Action apporte son soutien à cette journée et appelle les Organisations internationales de défense des droits de l’Homme et les instances politiques à :
- Dénoncer ces pratiques de vengeance ;
- Intervenir auprès des autorités tunisiennes afin qu’elles cessent leurs politiques de menaces, de harcèlement et de violences à l’encontre des militants de droits de l’Homme ;
- Réengager une campagne internationale en faveur de l’amnistie générale en Tunisie et militer pour qu’une loi soit promulguée dans ce sens le plus tôt pour mettre fin aux souffrances des milliers de familles, de prisonniers et d’exilés.
Fribourg le 2 novembre 2001
Pour Vérité-Action
El Afif Ghanmi, Président.