Concerne : Pour une amnistie générale en Tunisie.
Monsieur,
Nous, les soussignées, organisations défendant les Droits de l’Homme, exprimons notre forte préoccupation quant au sort des prisonniers politiques et d’opinion, actuellement, en grève de la faim. Leur état de santé se dégrade de jour en jour et le pire est à craindre.
De sources concordantes, nous venons d’apprendre qu’un vaste mouvement de grève de la faim se déroule dans les prisons tunisiennes notamment la prison de 9 avril de Tunis pour protester contre la dégradation de leurs conditions de détention et réclamer la promulgation d’une loi d’amnistie générale qui mettra fin à leur calvaire.
En ce moment même, les différents lieux d’incarcération à travers le pays regorgent d’un peu plus d’un millier de prisonniers d’opinion condamnées lors des procès politiques qui ne respectent pas les moindres règles internationales de justice et d’équité. Dans des cellules surpeuplées, ces prisonniers privés de soins vitaux souffrent de plusieurs maladies très graves qui menacent leur vie notamment les cas de MM. Ali Layaraidh en isolement total depuis 10 ans et Dr Sadok Chourou.
Selon M. Hussein Abid, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression et d’opinion, un peu plus de 9000 opposants ont subi des peines de prison ferme ces douze dernières années. Le calvaire des prisonniers d’opinion ne s’arrête malheureusement pas après leur libération. De nouvelles contraintes viennent prolonger leur souffrance. Des ex-prisonniers ont entamé ces derniers jours des actions de protestation contre le régime spécial de contrôle administratif qui les prive de tous leurs droits de citoyen pour les plonger dans la misère et le harcèlement. Le cas de M.Hédi Bejaoui est illustrant. En grève de la faim depuis le 8 mai 2001, il réclame ses droits aux soins médicaux, au travail, à la libre circulation et à vivre en sécurité dans son propre pays.
En réalité, les autorités tunisiennes qui se vantent d’avoir signé la majorité des conventions et des traités internationaux relatifs aux libertés et aux droits fondamentaux ne cessent de les bafouer constamment. Plusieurs acteurs de la scène internationale notamment le Parlement Européen et la France ont manifesté récemment leur préoccupation face à la détérioration de la situation des libertés dans ce pays.
De tels agissements qui ne respectent en rien la dignité de la personne humaine ne laisseront certainement pas la Suisse qui considère la défense des droits de l’homme et la promotion des libertés fondamentales comme un objectif de sa politique extérieure indifférente.
Ainsi, nous vous sollicitons afin de bien vouloir intervenir auprès des hautes autorités tunisiennes pour :
Libérer les grévistes de la faim et tous les prisonniers d’opinion
Promulguer une loi d’amnistie générale et rétablir à chacun ses droits aux soins, au travail et au déplacement à l’intérieur du pays comme à l’étranger.
Mettre fin aux pressions et aux attaques contre les défenseurs des droits de l’homme et les acteurs de la société civile, et leur permettre de mener à bien leurs activités sans interférence ni menace.
Garantir la liberté d’association, d’expression et d’opinion
Garantir le respect des traités internationaux auxquels la Tunisie est partie.
Nous vous prions, Monsieur le Président, de bien vouloir agréer notre profond respect.
Organisations signataires :
- Centre Europe-Tiers Monde CETIM, Suisse
- ACAT-Suisse, Berne
- Amnesty international, Section Suisse
- Organisation Mondiale Contre la Torture OMCT, Genève
- Vérité-Action, Fribourg, Suisse
- Commission arabe des Droits Humains, Paris
- ATTAC-Genève
- Droits pour Tous, Genève
- Forum Tuniso-Suisse des libertés, Etoy, Suisse
- Programme arabe pour les activistes des Droits Humains APA, Egypte.
Berne, le 29 juin 2001