Nous venons d’apprendre avec beaucoup de chagrin la triste nouvelle de la mort du prisonnier politique Abdelwahab Bou Saa à la prison de Borj Erroumi le 23 mars 2002. C’est depuis le mois de décembre qu’il a entamé une grève de la faim sans que les autorités ne lui accorde aucun intérêt.
Etant condamné à 16 ans de prison, M. Bou Saa en a passé 11 ans. Il vit depuis quelques temps une situation pénible, insupportable et inhumaine dans une chambre où tous ses codétenus sont des prisonniers de droit commun et connus par leur homosexualité. Ne supportant pas ces conditions, il a demandé son transfert à une autre chambre avec les prisonniers politiques. La réponse était le refus total.
Pour protester contre cette décision injuste et cruelle, il a entamé vers la fin du mois de décembre sa grève refusant même la visite de sa famille. Quand son état de santé a commencé de se détériorer, les autorités n’ont donné aucune importance à cela et ont refusé son hospitalisation. Ce n’est que lorsque sa situation s’est aggravé qu’ils ont réagi, mais quand il est devenu trop tard. M. Abdelwahab Bou Saa est décédé à l’hôpital ce samedi 23 mars 2002.
M. Abdelwahab Bou Saa est une nouvelle victime du régime dictatorial tunisien qui ne cesse de torturer, d’opprimer, de tuer et de porter atteinte aux droits de l’Homme et à la constitution.
Vérité-Action exprime sa profonde tristesse pour la mort de M. Abdelwahab Bou Saa et présente ses sincères condoléances à sa famille, ses proches et ses amis.
Elle considère que les autorités tunisiennes sont totalement responsables de ce décès et les accuse de négligence.
Elle proclame l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire à cet effet et appelle toutes les ONGs de défense des droits de l’Homme et les instances politiques à exercer toutes les pressions possibles pour arrêter la politique de la mort lente adoptée par le régime tunisien.
Fribourg, le 24 mars 2002
Pour Vérité-Action
Service de l’information
Un prisonnier islamiste tunisien meurt d’une grève de la faim
TUNIS, 26 mars (Reuters) – Un opposant tunisien emprisonné depuis près de 12 ans dans une prison de haute sécurité pour appartenance à un parti islamiste interdit est mort des suites d’une grève de la faim entamée il y a quatre mois pour protester contre ses conditions de détention, ont déclaré mardi des mouvements de défense des droits de l’homme.
Abdelwaheb Bousaa, qui était âgé de 32 ans, serait le premier prisonnier tunisien depuis de nombreuses années à décéder d’une grève de la faim, à laquelle plusieurs détenus ont eu recours en 2001 pour protester contre leurs conditions de détention, selon un rapport du département d’Etat américain.
« Adelwaheb Bousaa est décédé vendredi 22 mars à la prison de Borj Erroumi (à Bizerte, ndlr) à la suite d’une grève de la faim entamée en décembre dernier à l’appui de sa demande de transfert dans une autre prison et d’une amélioration de ses conditions de détention », a déclaré la Ligue tunisienne de défense des droits de l’homme, principal organisme indépendant de défense des droits de l’homme en Tunisie.
Des militants des droits de l’homme affirment que Bousaa, fervent pratiquant musulman, a été emprisonné avec « des détenus de droit commun homosexuels » dans le cadre d’une tactique de harcèlement des autorités à l’intérieur de la prison.
« Bousaa avait demandé à être transféré dans une autre cellule avec d’autres prisonniers politiques car il ne pouvait pas supporter ses conditions de détention. La réponse des autorités a été un refus total », a déclaré le groupe de défense des droits de l’homme Vérité-Action dans un communiqué.
Au ministère de la Justice, qui chapeaute les questions pénitentiaires, on déclare que Bousaa est mort à l’hôpital « à la suite d’une défaillance rénale consécutive à la présence excessive de sucre dans le sang ».
De même source, on se refuse à détailler davantage les circonstances du décès mais on ajoute que les autorités ont ouvert une enquête « comme c’est toujours le cas dans les affaires de décès, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons ».
Bousaa était étudiant à l’université quand il avait été arrêté en 1991 et condamné à 16 années de prison pour appartenance au mouvement islamiste de la Nahda.
Plusieurs groupes de défense des droits de l’homme, dont Amnesty International, estiment à plus de 1.000 le nombre d’islamistes emprisonnés en Tunisie.
Le gouvernement considère ces détenus comme des criminels de droit commun et non comme des prisonniers politiques, estimant qu’ils ont enfreint les lois interdisant le recours à l’islam comme un outil de revendication politique. /JSB
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