Dans une atteinte grave et violation apparente aux droits des citoyens à une justice libre, les forces de police ont investi le 2 février le palais de justice s’acharnant sur les journalistes, les défenseurs de droits de l’Homme et militants aussi bien étrangers que locaux.
« Ce renfort » venu assister au procès de M. Hamma Hammami, secrétaire général du POCT (parti ouvrier communiste tunisien) déplaisait aux autorités qui ont fini par s’attaquer à cette assistance.
En fait, M. Hammama Hammami a été condamné par contumace en 1999 à 9 ans de prison ferme. Et depuis il a vécu en cachette en compagnie de trois autres membres du parti qui sont MM. Abdeljabar Madouri, Samir Tamallah et Ammar Amroussia. Tous jugés par contumace.
Voulant rompre avec la clandestinité, M. Hamma Hammami et ses compagnons ont décidé le 2 février d’assister à leurs procès. Leur apparition soudaine a déstabilisé les autorités qui ont vite déployé leurs forces encerclant le palais de justice et intervenant dans la salle du tribunal pour arrêter M. Hammami et ses camarades. Une mesure qui a été suivie de violences policières inédites envers les détenus eux-même, les observateurs étrangers, les avocats, les journalistes locaux et étrangers, la famille de M. Hammami et tous les présents dans la salle. Nombre de présents souffrent de fractures et de cassures suite à ces scènes de répression.
Ces événements très graves ont de nouveau porté l’attention des ONGs et des défenseurs des Droits de l’Homme sur la situation préoccupante des libertés en Tunisie. Pour exprimer leur contestation, les avocats, ayant décidé aussi de boycotter dans l’avenir les juges ayant rendu ce procès ; ont choisi d’organiser le 7 février 2002 une grève générale de protestation.
La réaction des autorités tunisiennes dénote de sa volonté à étouffer toute voix dissidente. La violence et l’agressivité policière ne sont plus commises uniquement dans les couloirs de la mort (les prisons, les commissariats de polices et les caves du ministère de l’intérieur) mais aussi sur la voie publique et dans les salles de tribunaux. Le régime ne veut plus rien cacher puisque prétexte de la lutte contre «le terrorisme » est devenu monnaie courante au nom de laquelle toutes les atrocités sont permises.
Sans leur garantir leurs droits à être entendus et à un procès équitable, des jeunes tunisiens viennent d’être condamnés par le tribunal militaire de Tunis à des peines allant de 8 à 20 ans de prison ferme malgré » l’absence de fondements » et les irrégularités flagrantes de procédure soulevées par leur avocat Me Ben Amor dans une déclaration à l’AFP.
La situation des libertés ne cesse de se dégrader. De nombreux observateurs témoignent du retour sans précédent des persécutions et de la surveillance continue.
Les prisonniers souffrent de plus en plus des mauvais traitements. MM. Abdelhamid Jelassi et AbdelKader Said, tous deux à la prison d’El-Hawareb entament une grève de la faim ces jours-ci pour protester contre les conditions d’emprisonnement. M. Abdelkader Said a demandé le transfert à la prison civile de 9 Avril à Tunis. Il subit l’isolement en raison de cette revendication.
Vérité-Action :
- Condamne l’attitude violente dont le régime tunisien a fait preuve lors du procès de M. Hamma Hammami et ses compagnons. Elle s’inquiète fortement du sort de ces derniers et des mauvais traitements qu’ils pourraient subir après leur arrestation.
- Confirme sa totale solidarité avec tous les militants, observateurs et médias étrangers ainsi que les avocats qui ont été agressés et maltraités le 2 février.
- Apporte, également, son soutien à la grève générale des avocats prévue pour le 7 février 2002 et appelle toutes les ONGs et les défenseurs des droits de l’Homme à poursuivre le combat pour libérer M. Hamma Hammami, ses camarades et tous les prisonniers politiques et d’opinion.
Fribourg le : 06 février 2002
Pour Vérité-Action
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