Le 28 octobre 2000 la société civile est sortie renforcée après la réussite du 5ème congrès de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme(LTDH). Hélas, le gouvernement n’a laissé que trois mois pour tuer l’espoir des défenseurs des droits de l’homme. M. Néjib Hanene, président de la deuxième chambre du tribunal de première instance de Tunis n’a pas hésité une seule seconde avant de prononcer le lundi 12 février l’annulation de l’assemblée Générale de la LTDH. Une décision très lourde de conséquences puisqu’elle invalide l’élection de l’actuel comité directeur et annulent les conclusions des travaux du 5ème congrès.
L’appareil judiciaire a été une nouvelle fois le cheval de bataille du régime pour réduire les composantes de la société civile au silence. La ligue en vient de payer les frais à l’instar de l’Union Générale Tunisienne des Etudiants (UGTE) en 1991. Le travail accompli par les juges n’arrive jamais seul. Il est tout le temps suivi d’un vrai harcèlement médiatique et policier. Le 29 janvier 2001,les membres et militantes de l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates n’ont pas pu organiser une rencontre de solidarité avec la LTDH. Elles ont été victimes « d’un abus de pouvoir de la part des forces de police » d’après leur lettre envoyée au Ministre de l’intérieur pour protester contre « le déploiement de force de police en civil postée à l’entrée de l’immeuble siège de l’association « . M. Salahedine El Jourchi vice-président de la LTDH a subi deux interrogatoires devant le juge d’instruction dans le but d’intimider et de harceler les responsables de la ligue.
Les juges tunisiens n’ont pas chômé ces derniers temps. Avec une moyenne de trois procès par semaine depuis le début de l’année, le régime vient de battre tous les records. Me Najib Hasni, M. Mahdi Zougah, M. Haroun M’Barek ont écopé de très lourdes peines allant de 5 ans à 12 ans de prison ferme. Ils rejoignent les centaines de prisonniers d’opinion qui vivent dans des conditions inhumaines et ne cessent de lancer des cris de détresse sur leur état de santé qui se dégrade de jour en jour.
La liberté de presse est constamment violée. Pire encore, les autorités tunisiennes ont dépassé toutes les limites. Ils viennent d’agresser à deux reprises le 3 et le 6 février M. Jalel Zoghlami directeur du journal » l’Arc de la dignité « . Ce dernier a entamé une grève de la faim depuis son agression afin que se soient engagées des poursuites à l’encontre de ses agresseurs. Maître Radhia Nasraoui a subi le même sort lorsqu’elle a voulu lui rendre visite.
Vérité-Action qui s’indigne devant la manipulation de la justice, déclare sa solidarité et apporte son soutien à la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme et son comité légitime ainsi qu’a toutes les victimes de la violence de l’Etat. Nous appelons les autorités tunisiennes à arrêter sa politique d’intimidation et de harcèlement envers les opposants d’opinion, à libérer les prisonniers politiques et à ouvrir le pays à une vraie démocratie.
Fribourg, le 14 février 2001
Pour Vérité-Action
EL Afif GHANMI, Président