Dès le 15 avril 2001, des centaines de prisonniers politiques tunisiens ( le Comité de Défense des Prisonniers Politiques en Tunisie / CDPPT, dans son dernier communiqué cite environ une centaine dans la seule prison de Mahdia ) ont entamé une grève de la faim, par laquelle ils réclament leur libération immédiate et inconditionnelle et rappellent au monde que leur souffrance au quotidien doit figurer au cœur même de tout débat sur le futur du pays.
Car, si le débat qui anime la scène politique tunisienne autour des présidentielles de 2004, témoigne de l’échec cuisant de la politique de terreur mené par le régime contre ses opposants et de la survie du politique en Tunisie; il n’en reste pas moins que le calvaire vécu jour et nuit par ces prisonniers dont certains en isolement total, ne peut attendre car c’est d’une mort lente qu’il s’agit.
Pourquoi choisir l’autodestruction, si ce n’est l’ultime moyen pour dénoncer le crime du régime à leur égard, un crime qui dure depuis plus d’une décennie ?
En fait, cette grève vient offrir aux diverses tentatives de rapprochement entre les composantes de la société civile, un terrain d’entente et de travail commun car personne ne peut contester que c’est tout un peuple réduit au silence qui attend leur libération et que l’amnistie générale permettra de prévoir l’avenir avec plus de sérénité et de confiance et donnera le sens jusqu’à présent inexistant de toute réconciliation nationale. Car si on n’arrive pas à s’accorder sur l’indispensable besoin national de mettre fin à leur calvaire, comment peut-on envisager une entente plus large ?
Cette grève viendra aussi tester les déclarations du nouveau ministre des Droits de l’homme et de la communication, qui a annoncé le 6 avril 2001 dans le journal le monde qu’au lieu de taire les problèmes relatifs aux Droits de l’homme, le gouvernement tunisien les reconnaîtra dorénavant et en parlera.
Pourra-t-il avouer que ces prisonniers ne sont que des prisonniers politiques et d’opinion dont la détention relève d’une grave atteinte aux droits humains les plus élémentaires ? Aura-t-il le courage de dénoncer les agressions dont sont victimes les militants des Droits de l’homme ( Me Néjib Hosni lui aussi prisonnier, Mme Souhir Ben Hassine que l’agression dont -elle a été victime prouve qu’on ne peut plus défendre la thèse d’abus individuels de la part des policiers )? Aura-t-il courage de sanctionner les tortionnaires comme ses paroles confuses laissent entendre ?
Vérité-Action, tout en exprimant son inquiétude notamment quant à l’état de santé des grévistes, renouvelle son appel à soutenir ces prisonniers pour leur combat pour la liberté et la dignité et invite hautes instances politiques, ONG et tous les défenseurs des Droits de l’homme à intervenir auprès des autorités tunisiennes pour exiger leur libération immédiate et inconditionnelle.
Fribourg, le 19 avril 2001
Pour Vérité-Action
El Afif GHANMI, Président